L'été meurtrier de la culture arabe continue; c'est une véritable hémorragie que nous sommes en train de subir; après Youssef Chahine, Mahmoud Darwich on apprend en effet que la réalisatrice libanaise Randa Chahal Sabbag, qui avait reçu le Lion d'argent à la Mostra de Venise en 2003 pour son film "Le cerf-volant", est décédée des suites d'un cancer à l'âge de 54 ans, lundi à Paris où elle résidait. Née en 1953 à Tripoli, dans une famille sunnite, de parents marxistes, Randa Chahal Sabbag était arrivée en France dans les années 70, où elle avait étudié le cinéma à l'Ecole nationale Louis Lumière.
Randa Chahal, malgré une filmographie limitée est une vraie figure du cinéma libanais et de l'ensemble de la région. Lancée par le Prix prestigieux décroché à Venise, elle obtient la reconnaissance de son pays qui lui décerne en octobre 2003 l'Ordre du Cèdre. Une haute distinction du gouvernement libanais. Dotée d'une forte personnalité malgré un corps chétif, elle avait une conscience vive des contradictions de son époque et inscrivait son cinéma dans l'esprit du temps. Elle avait aussi beaucoup de sympathie pour les gens d'en bas. Elle va par exemple aborder dans deuxième long métrage, "Civilisées" le sort des domestiques abandonnés à leur sort de la guerre civile libanaise. Le film déplaira aux responsables qui vont réclamer des coupes dans le film. Une façon de répondre à l'humour qui caractérise le film.
Les guerres et les tragédies qu'a vécues le Liban ont nourri l'œuvre de Randa Chahal. "Le cerf-volant", qui était son troisième long métrage, racontait l'histoire d'un amour impossible entre une Juliette libanaise et son Roméo, garde-frontière druze sous drapeau israélien. Le film se distinguait cependant par une sensibilité à fleur de peau. Chahal abordait des sujets forts par le bais d'une esthétique de la distance et de la retenue où la grande histoire apparaissait souvent à travers les récits intimes. Il y a avait dans ses films comme un souffle d'espoir qui transcendait les frontières politiques et ethniques. "Je voulais faire des comédies, mais je suis née dans une région tragique. Pourtant, si on ne dit pas les choses dramatiques avec un peu d'humour, ça ne passera pas", avait expliqué Randa Chahal Sabbag lors de la présentation du "Cerf-volant" à la Mostra.
Elle était également l'auteur de plusieurs documentaires: "Pas à Pas" (1978), consacré à la guerre civile au Liban, "Cheikh Imam" (1984), sur un chanteur égyptien, "Nos guerres imprudentes" (1995) et "Souha, survivre à l'enfer" (2000)
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